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Tamera au Portugal, un modèle pour un futur soutenable où l’on apprend à aimer sans peur

Tamera au Portugal, un modèle pour un futur soutenable où l’on apprend à aimer sans peur

Tamera est l’un des plus grands et plus anciens écovillages existant en Europe. Réfugiée de la seconde guerre mondiale, la communauté en grande partie allemande à ses débuts s’installe tout d’abord dans la forêt noire en Allemagne, avant de se réunir à Zegg près de Berlin. Traumatisée par la guerre, elle a eu la vision de la nécessité d’un monde alternatif de paix vivant en harmonie avec la nature en avant-première.

C’est en 1995 que Tamera voit le jour au Portugal lorsqu’un groupe de la communauté Zegg décide de créer un nouvel écovillage. Aujourd’hui, c’est un centre de recherche pour la paix qui attire des visiteurs du monde entier. Retour sur 10 jours d’immersion au sein de la communauté accompagné d’un groupe de 40 personnes de 22 nationalités différentes.

L’eau, l’énergie et la nourriture sont disponibles gratuitement pour toute l’humanité, quand nous ne suivons plus les lois du capital mais la logique de la nature.
– Dieter Duhm, co-fondateur de Tamera dans « A Manifesto for a New Generation on Planet Earth »

© Victor Bravo Lobo

Une véritable oasis autonome créée à partir d’un désert aride

Quand la communauté Tamera s’installe dans la région sud du Alentejo au Portugal, leur terrain ne ressemble pas du tout à ce qu’il est devenu aujourd’hui. La luxuriante verdure, les différents lacs et écoconstructions qui habillent les 200 hectares de leur espace ont été créés par la main de l’homme en suivant les principes de la permaculture, en seulement une dizaine d’années.

Un gigantesque travail a été fait pour que l’eau de pluie soit mieux absorbée par le sol et qu’elle ne se perde pas dans l’océan qui n’en a pas besoin. Cela rend à l’eau son cycle naturel, n’apportant qu’abondance à son passage. La communauté a ainsi réussi à résoudre l’un des grands problèmes du Portugal : les feux de forêts liés à la monoculture d’eucalyptus, originaire d’Australie, qui brule très facilement en été à cause de la hausse des températures et de sa trop grosse consommation d’eau souterraine. En associant intelligemment les espèces de plantes, en créant des zones d’ombre et de fraicheur, Tamera produit aujourd’hui une multitude de légumes et de fruits frais et est autonome en eau.

En utilisant à la fois des panneaux solaires et le gaz naturel émis par leur compost, Tamera parvient à être de plus en plus autonome en énergie, toute l’année, pour ses 200 résidents mais aussi pour les 300 à 400 visiteurs qu’ils peuvent accueillir pendant des événements. La communauté cherche aujourd’hui à remplacer l’usage des batteries pour stocker leur énergie – nocives pour l’environnement car provenant de ressources fossiles non renouvelables – par quelque chose de naturel mais ils n’ont pas encore mis au point cette technologie. C’est au « Solar Village » que les études sont menées sur l’énergie. Retrouvez-les en vidéo ci-dessous.

Une université de l’amour et de la paix

Tamera part du principe que la vie en communauté a toujours existé. Ce n’est que récemment que l’homme s’est soucié de sa situation en tant qu’individu, ce qui a conduit peu à peu à l’individualisme d’aujourd’hui et à la solitude, inexistante il y a seulement quelques siècles. Selon eux, notre société patriarcale et individuelle, favorise la compétition et les trois grandes sources de conflits et obsessions de l’être humain : le pouvoir, le sexe et l’argent.

Pour parvenir à vivre en accord avec ces trois traumatismes de l’être humain, il faudrait d’abord en avoir conscience et transformer petit à petit ces blessures ancrées en nous pour s’en libérer. C’est un long procédé et un chemin qui peut prendre toute une vie à parcourir. Pour travailler sur cette libération, différentes écoles sont présentes au sein de Tamera, comme la Global Love School où l’on apprend à aimer sans peur.

Extraits d’une conversation avec Phoebe, coordinatrice de la Global Love School à Tamera

Depuis nos débuts, nous avons remarqué que l’amour était un des sujets les plus présents dans notre communauté. Cela générait des énergies très positives, mais aussi négatives comme la jalousie. Certaines personnes disent être amoureuses alors qu’en réalité elles ont juste besoin de la personne de qui elles s’estiment amoureuses.

“L’amour est pur, c’est la connexion entre notre être et les autres êtres humains ainsi que tout le monde extérieur : la nature, les animaux, etc. Aimer c’est apprendre à connaitre quelqu’un. C’est quelque chose qu’on donne et qu’on reçoit. C’est un cadeau de l’univers qu’on doit préserver. Dans un monde d’amour, il ne peut pas y avoir de guerre.

Pour aimer, il faut d’abord se connaitre, s’ouvrir et apprendre à connaitre les autres. Dans la société actuelle, nous n’apprenons pas à aimer. Nous naissons avec des cœurs purs remplis d’amour, nous l’offrons à nos parents mais par la suite nos cœurs se ferment car nous ne savons pas comment aimer plusieurs personnes librement, c’est un sujet qui devient tabou et on ne se laisse emporter qu’une seule fois et pour toute la vie car par tradition, l’amour débouche sur un mariage qui se doit d’être monogame.

Il y a énormément de stéréotypes sur l’amour en fonction du genre. Les femmes qui affirment avoir du désir sexuel sont considérées comme des salopes à qui on ne peut pas faire confiance. Alors que pour les hommes, c’est normal. Ils utilisent les femmes comme des objets sexuels. Les femmes doivent alors exprimer leur sexualité en secret sinon les hommes les trouvent impures.

C’est la société qui nous apprend ce qu’on doit être et comment. Il faut sortir de ces règles dirigées par la société qui nous empêche d’être ce que nous sommes. Ne plus mentir, cacher nos sentiments. Si notre partenaire ressent un coup de foudre pour quelqu’un d’autre, ce qui est naturel, rien ne sert de le cacher ou le nier, cela ne fait qu’augmenter les frustrations et la peur.”

Un exemple de vie pour toute l’humanité respectant la biodiversité

Tamera aspire à être le prototype d’une société alternative et holistique, qui gère les sujets dans leur globalité. Lorsqu’on visite le lieu pour la première fois, on passe par une semaine d’introduction, qui donne à voir chaque jour un nouvel aspect de cette société : la politique interne et externe avec leur activisme, l’économie locale et du don, le lien avec l’invisible, la nature et les animaux avec leur refuge pour chiens, chats et chevaux, leur collaboration avec les cochons et les poules, la gestion de l’eau, l’écologie et l’énergie, l’alimentation avec les nombreux jardins et groupes de cuisine, l’amour et la sexualité et aussi l’éducation pour les jeunes et les moins jeunes, car l’école dure toute la vie à Tamera.

Pendant cette semaine, le groupe de visiteurs apprend également à vivre en communauté. Maillon essentiel pour mieux appréhender la vie des tamériens et pour approfondir leurs nombreux sujets d’études, qu’il est possible de découvrir en suivant de nombreux programmes en constante évolution. Pour les découvrir et expérimenter Tamera, cliquez ici.

Découvrez Tamera en images 

A venir !

  • Une interview de Mara, 32 ans, née à Tamera et aujourd’hui maman. Un exemple unique de personnalité qui n’a presque connu que le contexte de paix et d’amour apporté par Tamera !
  • Un nouveau reportage sur A Quinta, un projet de permaculture à 30 minutes de Tamera

Pour en savoir plus