Auroville est la plus grande tentative d’éco-ville existante dans le monde. Située dans le sud de Inde près de l’ancienne colonie francaise Pondichéry, elle regroupe au même endroit les quelques 100 communautés éparpillées sur le globe que j’ai pu voir jusqu’à aujourd’hui.
L’histoire commence il y a plus de 50 ans lorsque la Mère d’Auroville – Mirra Richard, indienne et française – rêve d’un endroit où l’humanité puisse vivre unie, en paix et en harmonie avec la nature, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités.
“There should be somewhere on Earth a place which no nation could claim as its own, where all human beings of goodwill who have a sincere aspiration could live freely as citizens of the world and obey one single authority, that of the supreme truth” – Mother of Auroville
Elle s’associe à l’UNESCO et à Sri Aurobindo, un des leaders du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, aussi philosophe, poète et écrivain spirituel qui développe alors la nouvelle approche du yoga intégral*.
Ensemble, avec l’aide de volontaires de tous horizons, ils dessinent un plan en forme de galaxie spirale pour construire ce qui deviendra Auroville et ses différentes zones : culturelle, industrielle, résidentielle et internationale.
Du rêve visionnaire jusqu’à sa réalisation
L’intention du projet est de fournir un cadre où l’humanité puisse développer son plein potentiel sous les plans physiques et matériels mais aussi spirituels.
Une évolution impressionnante
D’un désert aride, les Auroviliens sont parvenus à créer une forêt luxuriante aux allures parfois de jungle sauvage où vivent aujourd’hui plus de 3 000 résidents de 70 nationalités différentes ainsi qu’une abondante biodiversité d’animaux, d’oiseaux et d’insectes en tout genre qui assurent un concert de musique d’ambiance permanent.
Organisés en une centaine d’unités de travail, chaque communauté développe un projet particulier dans des domaines allant de l’agriculture à l’éducation, santé, médecine holistique, artisanat, recherche scientifique, informatique ou encore architecture.
Une diversité à couper le souffle
C’est ainsi qu’Auroville regorge d’écoles, de centre de musique et d’arts, de permaculture, de botanique, d’éco-construction, de projet de reboisement, management de forêt et des eaux mais aussi cinéma, maison d’éditions, production de textiles, centre de méditation… des projets aussi ruraux qu’urbains.
Chaque année, la foire de l’artisanat Endangered Crafts du Youth Center d’Auroville est offerte à la jeunesse pour ne pas oublier les savoir-faire ancestraux.
Fabrication de papier, cuir, métal, construction de cabanes perchées aux arbres, poterie, peinture, ou encore l’upcycling, un procédé plus écologique qui vise à transformer les déchets plutôt que les recycler pour le même usage.
Construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes : la même mission que l’UNESCO
Avec 50 années d’expériences et le soutien du ministère indien et d’institutions comme l’UNESCO, Auroville est parvenue à mettre en place un système social et économique qui s’approche de la stabilité.
Une sorte de sécurité sociale et de coopérative permet aux résidents de subvenir à la plupart des besoins alimentaires et matériels et de recevoir une pension. Ils ont également accès gratuitement à l’éducation, aux soins médicaux de base, aux sports et aux nombreuses activités culturelles d’Auroville.
Fort de son succès, les listes d’attente pour bénéficier de tous les avantages d’Auroville s’allongent également. Avec la montée du tourisme sur le lieu, certaines règles changent mais la procédure pour devenir Aurovilien reste similaire à l’intention primaire de la Mère.
Pour devenir Aurovilien, il faut faire ses preuves en s’y maintenant pendant au moins un an en tant que volontaire et respecter la charte d’Auroville:
- Auroville n’appartient à personne en particulier. Elle appartient à toute l’Humanité. Mais pour y séjourner, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine ;
- Auroville sera le lieu de l’éducation perpétuelle, du progrès constant, et d’une jeunesse qui ne vieillit point ;
- Auroville veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures ;
- Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.
Un impact mondial mais aussi local
Auroville a beaucoup fait évoluer sa bio région. Là où il n’y avait pas même des routes, petit à petit se sont construits des écoles et des emplois qui ont permis à des milliers d’indiens de changer de situation.
L’évolution d’Auroville est prévue pour accueillir plus de 50 000 résidents. Mais la communauté n’est pas encore prête pour cela. Au delà des conflits humains qui y règnent comme partout ailleurs, une pénurie d’eau importante freine son développement.
Paradoxalement, avec le changement climatique, la montée des eaux de l’océan indien recouvre chaque année une partie des propriétés d’Auroville.
La question de savoir si on peut utiliser l’eau de l’océan pour les besoins d’Auroville n’a pas encore été tranchée… En attendant, le coeur de la ville avec son Matrimandir, bâti sur un mont, est protégé et continue de permettre l’expérimentation de ce projet pas si utopique que cela.
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